Table des matières
Introduction
C’est une question que les monitrices de portage entendent régulièrement en atelier. Le plus souvent, il suffit de quelques bons conseils pour résoudre le “problème”, mais parfois, c’est plus compliqué. Nous vous proposons ici une liste de situations, de solutions, de réflexions et de pistes que nous avons explorées. On a souvent l’habitude d’entendre : « c’est impossible, tous les bébés aiment être portés », mais cette affirmation est non seulement fausse, mais aussi violente pour un parent qui fait face à des difficultés. C’est un peu comme avec l’allaitement et le fameux « ça n’est pas possible de ne pas avoir assez de lait ». Que faire de cette information, si ce n’est culpabiliser en pensant qu’on fait quelque chose de travers ?
Bien entendu, on peut constater que porter un bébé répond à bon nombre de ses besoins (déplacement, chaleur, interaction, contact…). Il est donc courant que celui-ci « réclame les bras », et c’est par là que nous pouvons commencer quand on entend « mon bébé n’aime pas le portage ». Qu’en est-il des bras ?
Généralement, il s’avère que le bébé aime effectivement être porté à bras. Il suffit donc de comprendre ce qui cloche avec le moyen de portage utilisé. Dans l’immense majorité des cas, il est souvent facile d’éclaircir le problème.
Le stress des débuts
La première chose à évoquer est le stress des débuts : les nouages, les réglages, les ajustements… C’est nouveau pour le parent, et bien que les modes d’emploi semblent enfantins, il suffit de s’y pencher un peu pour voir que ce n’est pas toujours le cas. Si l’on ajoute à cela la fragilité du nouveau-né et l’appréhension concernant sa manipulation, il n’est pas surprenant que le parent soit nerveux pendant ses débuts en portage. Le bébé, ressentant cela, se met également à stresser, il s’énerve, pleure, se tend… et c’est la spirale infernale qui risque de conduire à l’abandon pur et simple du portage.
Il convient ici de prévenir les parents que les premières installations peuvent être une source de stress pour eux comme pour leur enfant. Il faut rappeler qu’avec l’expérience, les choses devraient se résoudre d’elles-mêmes. Il est primordial de ne pas se presser et de ne pas céder à l’urgence de finir l’installation. Il faut s’accorder le temps de marcher, de bercer et de communiquer avec son enfant, en faisant si nécessaire une pause dans l’installation. Le balancement est un atout indéniable à ne pas négliger lors des premières installations.
D’autre part, il est préférable de ne pas abandonner une installation qui tourne mal pour ces raisons. En effet, la prochaine installation pourrait être facilitée par un bébé qui collabore à l’idée de reproduire l’expérience agréable d’être porté longuement contre son parent. Or, pour cela, il faut être allé au bout de l’installation.
Le moyen de portage choisi ne convient pas à bébé
Il est également possible que le moyen de portage choisi ne convienne pas à bébé. En effet, si beaucoup d’enfants acceptent la plupart des porte-bébés, certains ont une véritable préférence et n’hésitent pas à la faire entendre. Matières, positions, habillement… un manque de confort est parfois à l’origine des soucis rencontrés. Il est donc intéressant de pouvoir tester différentes solutions.
En tant que monitrice, il est donc important d’être en capacité de proposer des alternatives afin de permettre aux parents de tester et de trouver la solution qui convient le mieux.
Le moment choisi pour porter
Bien souvent, le portage est utilisé au moment où le parent en a besoin. Pourtant, il est possible que ce moment ne soit pas le bon pour l’enfant. Ou au contraire, le portage peut être l’occasion pour bébé de décharger la tension accumulée, dans un contexte rassurant pour lui. Il ne faut donc pas oublier que le bébé est une personne avec ses besoins et ses envies propres ; il s’agit d’apprendre à les décoder et à les respecter dans la mesure du possible.
Un problème lié à la manipulation
S’il semble que l’enfant n’apprécie vraiment pas le portage en général, s’il se tend, se débat, voire pleure quand on le prend dans les bras, le problème peut être autre. Beaucoup de nouveaux parents n’ont jamais manipulé de nouveau-né et/ou n’ont jamais reçu les bons conseils dans ce domaine. Un enfant qui aura été peu porté ou l’aura été de façon inappropriée depuis sa naissance risque d’avoir du mal à s’installer correctement dans certains moyens de portage ou de se mettre en extension.
Plusieurs solutions sont envisageables : un peu de patience et quelques bons conseils peuvent avoir raison de cette habitude. Il faudra apporter une attention particulière aux manipulations en proposant un portage contenant et offrant toujours un soutien par la base. Il sera également possible de choisir un moyen de portage dans lequel l’extension du bébé n’est pas corrélée à l’augmentation du risque de chute (comme un porte-bébé à nouer ou à clip). Dans tous les cas, là encore, prendre le temps de marcher, de bercer et de communiquer avec l’enfant pendant le portage s’avérera d’une grande aide.
Pathologies
Si les manipulations à bras semblent appropriées, mais que bébé manifeste un inconfort dû à la contention du tissu et/ou la position, peut-être faut-il regarder du côté des pathologies. Certaines peuvent rendre les enfants particulièrement difficiles à porter. Pourtant, il est opportun de rappeler que le portage est souvent une aide précieuse pour leurs parents et peut même parfois être complémentaire au soin du bébé.
Si les conseils d’une monitrice sont utiles, ceux-ci ne remplacent en aucun cas la prise en charge par un professionnel de santé compétent, formé aux pathologies et à la pédiatrie dans ce domaine.
Complications relationnelles
Enfin, les raisons peuvent être plus délicates à comprendre, notamment celles liées à des complications relationnelles : histoires personnelles, événements douloureux pendant la grossesse, accouchement difficile, séparation précoce, dépression post-partum… Ici encore, il est primordial de se faire aider par un professionnel. Si le portage peut être utilisé pour favoriser le lien, il ne sera probablement pas suffisant à lui seul. En outre, il est peu courant de détecter ce genre de frein au cours d’un « simple » atelier.
Pour conclure
Il nous est arrivé de ne pas trouver de solution à certaines situations. Quand les motifs envisagés ci-dessus ne semblent pas y répondre, que peut-on dire ?
Commençons par le fait qu’il est possible de porter de manière non physique. Le portage psychique est une forme importante de la prise en charge de l’enfant. Par notre attention, nos soins, l’anticipation de ses besoins et les réponses que nous y apportons, nous portons nos enfants. Ainsi, un parent qui n’arriverait pas ou ne souhaiterais pas porter physiquement pourrait porter psychiquement son enfant. De plus, chaque enfant a son propre tempérament, et il semble envisageable que certains n’aient que peu besoin d’être portés physiquement s’ils sont correctement portés psychiquement.
Le portage n’est pas une fin en soi. C’est un outil privilégié pour répondre aux besoins de nos enfants. Il est utile pour aider à construire ou reconstruire certaines choses. Il est compréhensible qu’un parent soit déçu de ne pas réussir à porter son enfant et de ne pas pouvoir lui faire bénéficier de tous ses bienfaits. Mais après tout, si tout le monde va bien, ne devrions-nous pas simplement envisager de réessayer plus tard ou même pas du tout ?
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